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Souvenez-vous, si nous violons vos femmes et tuons-vos enfants, c'est pour le plus grand bien. (Arvran Scheepers)
 
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 Chapitre 2 : La Ferveur

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Zarkhaev

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MessageSujet: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeJeu 29 Juil 2021 - 23:43

Cela fait déjà plusieurs mois que les guerriers de la Cité des Vents ont abandonnés les plaines désertiques et les steppes asséchées pour les montagnes au nord de Tchernozion. L'hiver s'est avéré rude, le froid mordant et les tempêtes glaçantes, mais pas un ne s'est plaint, et pour cause.

Les armées du Démon Rouge se sont installées dans une cité de la Fédération, prise par la force dans un étau, écrasé par la marche forcée de milliers d'hommes. La bataille ? Sanglante. La cruauté des guerriers ? Décuplée, entretenue par la faim et la fatigue.

De simples soldats se seraient peut-être laissés mourir ou auraient désertés, mais la ferveur des guerriers n'a de limite que celle de leur foi.

Zero s'est battue sans s'arrêter des jours durant, réalisant des exploits guerriers de plus en plus téméraires, accomplissant l'impossible à de multiples reprises, comme insensible aux balles et au coups de baïonnettes. Elle semble se battre avec une vigueur retrouvée, animée par de nouveaux desseins qu'elle ne partage qu'avec son état major. Une aura divine semble émaner d'elle à chacune de ses batailles. Les soldats voient en elle le Démon Rouge, la guerrière née du Ciel pour combattre le Néant et annihiler ses adeptes. Cette image est renforcée par les prières à l'Univers, devenues obligatoires pour tout les soldats, pour les esclaves et pour les orphelins récupérés sur le champ de bataille. Chacune de ses rares apparitions entretient le fanatisme des soldats. On ne sait ce qu'elle fait exactement quand elle ne se bat pas. On raconte qu'elle sillonne les montagnes, à la recherche de quelque chose. Ou de quelqu'un.

Les soeurs Abbadie ont été définitivement bannies de son entourage proche, et renvoyées vers le sud avec de nombreux esclaves. Elles supervisent avec un général de Zero, l'arrivée des scientifiques et des ingénieurs demandés par Cirdan.

La vie au sein de cette Cité provisoire est une ébauche de la "cité idéale", pensée et imaginée par Zero. Il y règne l'ordre martial et la ferveur religieuse. Les soldats y vivent en baraquement et sont richement nourris. Les orphelins ont droits à des repas décents et à une éducation universaliste décente. Les esclaves doivent bien souvent se contenter des restes. Ils doivent entretenir les baraquements, les grands feux qui brûlent nuit et jour, et attendent bien souvent d'être transférés vers le sud.

Zero contemple sa cité du haut des montagnes, montant un cheval aussi blanc que la neige. Elle sait qu'elle ne pourra y rester éternellement. Son alliance avec Tchernozion est précaire. Elle ne compte aucunement trahir, mais ses connaissances et ses visions la pousse à faire preuve de prudence. Elle observe les bannières noires de Tchernozion, accrochées aux murailles.

Elle sait que Kara Boomer est au moins aussi fanatique qu'elle. Elles ne peuvent demeurer sur le même continent. Leurs appétits sont trop grands pour d'aussi petites terres.

_________________
Puis-je rester inébranlable
Au milieu d'un monde qui s'écroule ?

Ais-je entendu le tonnerre ?
Est-ce que je t'ai vu détruit ?
Je ne me souviens plus très bien
Juste ce qui m'a guide de cette façon.

Puis-je rester inébranlable
Au milieu d'un monde qui s'écroule ?

Les pins murmurent souvent
Ils chuchotent ce qu'aucune langue ne peut dire
Celui qui boit de l'eau profonde
Qu'il connaisse les profondeurs du puits.


Oh, Voyageur, qu'as-tu vu ? Y avait-il des carrefours, où étais-tu ? J'étais fière, je suis maintenant dos au mur. La lumière du matin vient à moi, dois-je errer comme un fils égaré ? Le chasseur sera-t-il traqué par le fusil ou le pistolet ?

Puis-je rester inébranlable au milieu de mon monde qui s'écroule ?
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Tchernozion

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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeDim 1 Aoû 2021 - 21:24


Nous les possédons toutes, exultait Cirdan en s'agenouillant dans l'humus odorant. Il est resté toute une nuit avec les murmures noirs de la terre. Partout autour de lui, plus ou moins affaissées sur leur séant, les armures attendent et écoutent. Témoins inertes d'un échange inaudible entre un homme et l'essence de son fanatisme.
Cirdan a ordonné le retrait des troupes avec l'arrivée du fragile printemps. Tchernozion se retire des montagnes telle la marée abandonnant la base d'une falaise vertigineuse. Entre les roches déchiquetées gisent les coquilles brisées d'hommes et de machines. Des corps glissent des congères fondues et se déversent avec les boues, avec les torrents réanimés dans les vallées et les combes. L'armée s'enfuit des montagnes changées en une fosse puante dont l'horizon est bouché par un brouillard de mouches.
Sous les branches des pins où s'éveillent les ruches, sous les heureux tourbillons des abeilles, fleurissent les charniers chargés de vermines. Les montagnards rescapés de la guerre sortent de leurs cachettes pour commencer une sinistre récolte. Ils croisent de ci de là quelques ours ahuris à la recherche de miel et de compagnes. Les montagnards les abattent de peur qu'ils ne dévorent les carcasses et attrapent la maladie des hommes.




_________________
Tu t'essayas, comme eût, fait un homme, dans l'art de la médecine. L'aversion qui t'éloigna toujours des penchants de ton sexe, t'inspira l'amour et le vœu de la virginité, que tu conservas jusqu'à l'âge de soixante-trois ans ; et le terme de ta vie fui, celui de ta chasteté.
Ausone
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeDim 1 Aoû 2021 - 22:19

Le printemps s'éveille, la dormeuse assoupie s'ébroue et laisse glisser le long de ses courbes, les dernières paillettes de neige. Sous l'assaut timide d'un fragile rayon de soleil, les plantes les plus vivaces s'extirpent du sommeil. Elles étaient figées, elle sont désormais sur le point de recouvrer tout mouvement, déjà assaillies par les nuées de butineuses. La lumière pâle du petit jour en paraît plus aveuglante, face aux ternes autruches qui s'étendent dans les sous-bois.

Mais ni les rayons, ni les impératoires, ne peuvent prétendre égaler la peau diaphane de celle qui s'est étendue entre eux, sous le couvert des arbres. Ses cheveux noirs sont détachés, et s'étalent derrière elle. Ses yeux sont clos. Une armure lourde est adossée à un arbre, et sur cette dernière, un casque est posé. L'ensemble veille sur son sommeil qui semble apaisé.

Zero s'est fondue au coeur de la montagne. Ces derniers mois n'ont été que carnage, pillage et quête, au nom de Tchernozion, et au nom de son clan. Et si son devoir envers Tchernozion est couronné de succès, sa quête personnelle n'a trouvé aucune issue satisfaisante. Aucune famille. Aucune origine.

Peu importe. Zero s'est nourrie des montagnes et s'est appropriée la sérénité qui semble se dégager des sommets qui se perdent dans le ciel. Elle s'était trouvée une famille en la présence des bourrasques et des tempêtes, dans l'indolente existence des ruisseaux et des bois.

Et pourtant, elle croyait...

Ses paupières s'ouvrent lentement. Peu importe. Il était temps, désormais, pour la commandeuse des armées de quitter le lit trop douillet des impératoires. Ses enfants et ses soeurs d'armes méritent désormais de trouver une patrie, un pays qu'ils pourraient considérer comme une maison.

Ses lourdes mains s'ancrent dans le sol et elle se lève lentement. Son torse dénudé laisse apercevoir les veinules noires qui se perdent sous ses omoplates.

Loin de la guerre, elles aussi, semblent dormir.

Le voyage jusqu'à Tchernozion ne semble pour elle durer que le temps d'un clignement de cil. La cité noire n'est désormais plus une ennemie. Il est temps pour elle de parler à Cirdan d'avenir.

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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeVen 20 Aoû 2021 - 23:20


On escorte Zéro jusqu'à l'enceinte du palais. Une grande place pavée précède maintenant les grands escaliers. L'architecture austère et crasseuse de suie s'est effacée avec les dernières neiges, se dévoilant aux yeux des voyageurs comme l'extension de l'ambition du maître de Tchernozion.
Un spectre aux yeux troublés attend Zéro en haut des escaliers. Xénia reconnaît la femme qui a failli la tuer, il y a des mois de cela. Elle était son ennemie, elle devrait toujours l'être. Mais là où sa volonté voudrait frapper, son corps préfère désobéir. Un goût de métal a envahi sa bouche et ses narines.

"Veuillez me suivre."

Elle guide Zéro le long d'un couloir vitré et laisse la guerrière s'avancer dans une serre étouffante. Quelques rais de lumière filtrent depuis le plafond, faisant apparaître les particules tombant comme une pluie de la canopée jusqu'à l'humus noir et fertile. L'air est empli de l'odeur prégnante et douceâtre de la décomposition végétale.
Xénia fait signe de la main à Zéro de quitter le couloir pour trouver sa voie entre les troncs et les bosquets luxuriants. Il semble bien y avoir quelque chose dans l'obscurité d'émeraude qui attend l'arrivée de la guerrière.


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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeDim 22 Aoû 2021 - 10:42



" J'ai toujours eue une affection particulière pour la faune et la flore, sous toutes ses formes. En cela, je suis ravie de la place que vous offrez à ces plantes. "

Zero fait quelques pas, effleure du bout des doigts, l'écorce d'un jeune arbre robuste. Son regard noir observe les plantes et les fleurs, dédaignant ce qui pourrait l'observer.

" Je suis néanmoins surprise de constater l'absence de la Belle de Syphée. Je vous en apporterai une bouture, la prochaine fois que je reviendrai à Tchernozion. Cette fleur est merveilleuse, semblable à cette cité. Il y a une légende à l'est, qui dit que la vivacité légendaire de cette plante vient du sang de la dernière des impératrice, égorgée au sommet de l'Hélyée par l'Unique en personne. Il paraîtrait que ces fleurs, blanches comme la neige, soient devenues aussi noires que le Néant et qu'elles se soient propagées sur les flancs de la cité miracle, puis sur les terres environnantes alors que les terres s’asséchaient, stériles, et que les autres plantes flétrissaient. "

Zero passe une main dans ses cheveux. Hors des combats, elle les tient détachés, libres. Ils retombent mollement sur l'acier de ses épaules.

" Il n'y a pas assez de place pour ce qui est naturel et pour ce qui est surnaturel. L'Empire a essayé de stopper l'avancée des Belles de Syphée. Par le feu, par le gaz, en bétonnant ce qui pouvait l'être. Mais rien n'a fait. Les ressources minières ont été dévorées, les fermes ont été ravagées. Les esprits sérieux peinent à croire à la véracité de cette histoire, bien entendu. Toujours est-il que la cité merveilleuse repose désormais au sommet d'une mer de sel et que les déserts aux alentours sont bien loin des plaines et des forêts luxuriantes d'autrefois. "

Zero fait quelques pas, puis plonge ses mains dans ses poches, son air décontracté démenti par le sérieux de son visage et l'intensité avec laquelle ses yeux noirs fixent l'invisible devant elle. Les voix, à son entrée dans la serre, ont recommencés à lui parler.

" Je suis venu prendre mes ordres, seigneur Cirdan. L'hiver a pris fin. Nous pouvons continuer à étendre vos frontières, et je dois trouver les miennes. "

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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeJeu 2 Sep 2021 - 22:22


"Venez par ici Zarkhaiev, je ne vous ai pas fait venir pour parler de jardinage."

Cirdan est assis sous un kiosque en bois, au milieu d'arbustes odorants. Il désigne un siège de la main.

"Asseyez-vous donc."

Il lève les yeux pour observer la guerrière, puis l'enchevêtrement végétal dans son dos.

"Vous avez été une alliée précieuse pour Tchernozion et notre contrat a été fructueux. La guerre est en effet suspendue et je vous laisse libre de partir de votre côté. Bien sûr la Cité ne restera pas indolente, elle sera toujours dans le besoin de bons guerriers. Que comptez-vous faire maintenant ?"


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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeVen 3 Sep 2021 - 21:21



Il est impossible de savoir ce que Zero pense de Cirdan, ou de son ton impérieux, à ce moment précis. Son visage est aussi froid et fixe que celui des statues qui ornent les temples. Toujours est-il qu'elle reste debout, les mains plongées dans les poches de son manteau. Un léger sourire étreint ses lèvres.

" Comme vous le disiez à l'instant... Un peu de jardinage. Nos éclaireurs ont trouvés une terre habitable, au sud. Nous y bâtirons notre cité-État, puis nous nous préparerons de nouveau pour la guerre. "

Ses mains sortent enfin de ses poches.

" J'espère effectivement que nous continuerons nos échanges. Il serait bon pour nos deux cités que nous demeurions en bonne entente. "

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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeJeu 9 Sep 2021 - 20:28


"Une terre au sud ? Bien, très bien."

Cirdan balade son regard sur les branches feuillues perlées d'eau. La lueur du soleil couchant nacre l'entrelac végétal d'un halo doré. Dans le poudroiement de l'or, l'obscurité grandit, douce comme du velours, profonde comme un abysse. Cirdan écoute le murmure familier à son oreille, revenant croiser le regard de Zéro.

"Je ne vous vois pas jardiner. Vous n'avez pas la main pour cela, c'est assez clair. Néanmoins, bonne chance. Le sud est encore sauvage et vous y trouverez sans doute des défis à la hauteur de vos talents."


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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeJeu 9 Sep 2021 - 20:40

Zero avait salué respectueusement le seigneur de la Cité, puis elle était partie. Ses hommes, préparés à un départ imminent, quittèrent la cité offerte par Cirdan, embarquant avec eux le butin de guerre, les esclaves et les enfants. C'est une marée humaine qui embarque sur les navires qu'ils ont volés et rassemblés dans une cité portuaire.

Elle observe l'embarquement, silhouette irréel drapée d'une cape noire, juchée sur son cheval blanc.

Zero rêvait de Tchernozion, de l'ouest, de sa chute violente et de la destruction de son corps, enfermé dans une prison d'acier. Elle repartait, fracturée intérieurement, mais au sommet de sa puissance. Elle songe aux dernières paroles de Cirdan; elle songe au nord et aux derniers survivants de son clan.

Un sourire amer se dessine sur ses lèvres, alors qu'après sept jours, elle embarque à son tour sur un navire en direction du sud.

" Ce n'est pas un adieu. "

Zero se retire dans sa cabine. Elle a envoyé un détachement en éclaireur. Elle peut dormir quelques jours de plus.

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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeDim 12 Sep 2021 - 18:58



La flotte s'éloigne des terres sous le regard froid d'un homme. Ce dernier se dresse, géant couvert de fourrures, sur une plage éloignée, à l'écart de tous. Les vagues lèchent ses pieds bottés de cuir et d'acier, mais cela l'indiffère.

" Zaman quitte les terres de ses ancêtres, pour la deuxième fois de son existence. La dernière fois, Kherevan souhaitait la voir partir. Cette fois-ci, il souhaiterait la voir rester. Que le Néant me préserve de comprendre les véritables intentions de cet homme. "

L'Ours Gris se dérobe finalement à sa contemplation, pour se tourner vers les cavaliers qui l'accompagnent. Tous portent un uniforme noir.

" Il reste une autre Zarkhaev. Celle-ci porte les atours du Néant. Il la veut, il l'aura. Et le Cénacle trouvera en elle son second champion. "
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeDim 19 Sep 2021 - 11:53



C'est le soudain silence et l'arrêt impromptu des moteurs qui viennent la tirer de son sommeil. Ses paupières papillonnent quelques instants, le temps de s'habituer à la luminosité de sa cabine. Le soleil perce à travers les stores qui cachent le hublot, zébrant le sol de sa lumière.

Quelques murmures s'évanouissent alors qu'elle s'éveille tout à fait, retournant se cacher au fond de son esprit.

Elle se lève d'un pied gauche, tend le bras vers sa sacoche de cuir, la jette sur son épaule. Sa main noire glisse à l'intérieur et en tire un peu de tabac, qu'elle vient glisser entre ses lèvres, avant de quitter la pièce. Elle ne prend pas la peine de s'habiller, dormant toujours en bas de pantalon et en apodesme. Elle se contente juste d'enfiler ses bottes dans l'étroit couloir avant de déboucher, d'un pas lourd, sur le pont supérieur.

" Générale. "

Elle salue d'un signe de tête la guerrière qui l'accueille sur le pont. Zero inspire profondément l'air marin avant d'observer l'horizon; le ciel semble s'être écrasé dans l'océan. Un bleu éclatant et empli de lumière compose un horizon sans fin, parsemé de petites îles : un archipel. Au loin, se dessine les contours d'une terre qui semble bien plus immense et conséquente que les autres. Une petite voix lui murmure, au fond de son esprit, qu'ils sont arrivés chez eux.

" Où sont-elles ? "

" Nous avons dressé une table à l'avant du navire. Maiara s'est dit que vous souhaiteriez coordonner la suite des événements vous-même. "

" Elle avait raison. Faîtes apporter quelques bouteilles d'aïrag, ainsi que de la rakia. J'ai besoin de me réveiller tout à fait. "

Zero descend lourdement les escaliers d'acier et se dirige vers celles qui dirigent l'armée à ses côtés. Ces dernières la saluent avec déférence, observant avec satisfaction l'air féroce de leur commandeuse : ses cheveux ne sont pas attachés, encadrant un visage sévère au regard rogue, aux lèvres cruels et au teint pâle. Sa peau presque blanche laisse apercevoir les sillons noirs qui parcourent son corps, les veinules qui quittent ses bras pour se perdre au niveau des épaules, et ses anciennes blessures où la chair à été remplacée par l'obside. Son corps, fuselé et musclé, fait écho à l'ardeur de son âme. Elle s'attire le regard, féroce et hourdé de désir de la plus jeune de ses officières, Maiara, amirale de la flotte improvisée et plus proche de ses conseillères.

Zero la regarde un instant, droit dans les yeux, laisse son regard caresser le sien avec une douceur presque brutale, puis reporte son attention vers la table. Une masse de document y sont éparpillés, mais un seul l'intéresse : un vieux feuillet représentant une île.

" Bonjour. Asseyez-vous. Nous avons du travail. Où est l'éclaireur ? "

Zero pioche le dessin avant de s'assoir dans un lourd fauteuil, une main sur son ventre. Elle apprécie le dessin, fait avec précision.

" Elle est ici, Commandeuse. Je suis allée personnellement superviser l'action de mes hommes. "

" C'est une bonne chose, Kana. Qu'est-ce que tu peux me dire sur cette île ? "

" Nous sommes approximativement à trois jours au sud des terres de Tchernozion et à une semaine des côtes de Varma, qui sera notre plus proche voisin de l'est. Selon mes calculs, elle doit mesurer près de trois mille kilomètres. Une montagne la surplombe, et la région est fortement boisée. Cependant, elle est occupée. Par l'Empire. "

" Ce dessin est vieux. Il n'est pas de ton fait ? "

" Non, c'est un dessin que j'ai pioché dans les archives des maîtres-éclaireurs. Ils ont donnés à cette île le titre de terre de Galynül. "

" La terre de feu. Nous sommes aux confins du monde retranscris par les maîtres. Le Cavalier Hussein n'est-il pas venu ici pour démettre l'Empire ? Nous sommes si proche de la cité. "

" Non. Apparemment, il est parti démettre les colonies les plus à l'ouest, pour une raison que j'ignore. Ces dernières n'étaient pas si menaçantes. "

Zero range l'information dans un coin de sa tête. Elle lui semble incongrue.

" Passons. La présence ennemie est-elle importante ? "

" Peut-être quelques milliers de soldats. L'équivalent d'une petite cité et d'un camp de prisonnier, en bas de la montagne. Il y a un port également, bien défendu. Les falaises à l'ouest sont escarpées, mais nous pourrions les escalader et faire passer certains de nos hommes par la forêt. Ils atteindraient la ville en quelques jours. "

" C'est une bonne proposition. Nous ne sommes pas pressés. J'aimerai pouvoir conserver le port en bon état, autant que possible du moins. En ce qui concerne les prisonniers et les natifs de cette île... "

Zero repose le plan de l'île sur la table.

" Je veux qu'ils soient épargnés. Nous offrirons le choix à ces gens : vivre avec nous, sous notre loi, ou partir. Nous affréterons des navires pour qu'ils partent vers l'ouest. Nous ne sommes pas des libérateurs, nous ne faisons que changer leurs chaînes, mais je souhaiterai que ces dernières soient aussi confortables que possible. Mais si certains souhaitent se révolter... Qu'ils soient capturés et fourrés de force dans les navires, avec femme et enfants. Nous avons besoin d'une terre à nous. Une cohabitation n'est pas envisageable. "

Et de conclure :

" De toute manière, s'il n'y a qu'une cité, j'imagine qu'il s'agit encore d'un bagne construit pour les ennemis de l'Empire. Il ne doit pas y avoir de natifs à proprement parler. La majorité voudra probablement partir. Une fois que cela sera fait, qu'ils seront partis et que l'île sera pacifiée, nous pourrons décharger les esclaves. Je vais ordonner à nos guerriers ayant reçus l'enseignement des maîtres-constructeurs de travailler sur une citée bâtie sur les flancs de la montagne. Cette cité devra privilégier la défense. Le temple se trouvera au sommet, au plus proche du Ciel-Père, et sera divisé en deux parties : le haut temple et le bas temple, où seront formés nos cadets. Il devra être commencé le plus vite possible, en parallèle de la construction de la cité. Je ne veux que de la pierre et de l'acier, des matières que nous ne trouverons guère ici. C'est pourquoi un plan de pillage devra être établi. Mais avant cela... "

Zero se lève et fait quelques pas autour de la table.

" Je dois évoquer avec vous, certaines précautions que je souhaiterai prendre. Jusqu'à maintenant, le Maître des Murmures est demeuré très inactif. J'ai beaucoup réfléchis, et finalement, j'ai isolé deux possibilités. Soit il est mort, soit il a déjà introduit des espions dans nos rangs. "

" Tu soupçonnes l'une d'entre nous, Zero ? "

" Non. Ce que nous avons vécue, toutes ensemble, est le ciment d'une fidélité éternelle. Non, je ne vous soupçonne pas. Je soupçonne plutôt un homme, ou plusieurs. C'est pourquoi nous compartimenterons les informations à partir de maintenant. Les soldats de basse extraction seront logés dans la cité basse. Et les commandantes, les guerrières et les soldats m'ayant prouvés leur loyauté seront admises à la cité haute. Elles seront regroupées dans un nouveau corps armé. Vous serez avec moi, les Âmes Noires réprouvées par le Maître et ses Zéphyrs. "

Des regards appréciateurs et honorés fleurissent dans les rangs des officières.

" Une cérémonie sera organisée à la fin des combats de demain. Mais pour le moment, mes filles, il est temps de partir verser le sang. "

Les bouteilles d'alcools arrivent enfin. Zero s'approprie une bouteille de rakia et la lève à l'intention de ses guerrières.

" Nous buvons à la mort. "

" A la mort ! "

_________________
Puis-je rester inébranlable
Au milieu d'un monde qui s'écroule ?

Ais-je entendu le tonnerre ?
Est-ce que je t'ai vu détruit ?
Je ne me souviens plus très bien
Juste ce qui m'a guide de cette façon.

Puis-je rester inébranlable
Au milieu d'un monde qui s'écroule ?

Les pins murmurent souvent
Ils chuchotent ce qu'aucune langue ne peut dire
Celui qui boit de l'eau profonde
Qu'il connaisse les profondeurs du puits.


Oh, Voyageur, qu'as-tu vu ? Y avait-il des carrefours, où étais-tu ? J'étais fière, je suis maintenant dos au mur. La lumière du matin vient à moi, dois-je errer comme un fils égaré ? Le chasseur sera-t-il traqué par le fusil ou le pistolet ?

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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeMar 28 Sep 2021 - 9:34



Il ne faut pas plus d'une semaine à Zero pour s'emparer des terres de Galynül.


Au lendemain du conseil de guerre, elle et ses guerrières escaladèrent les falaises escarpées et traversèrent les denses forêts, charriant avec elles mortiers, armes et munitions. Il ne s'agissait pas d'être rapide, il s'agissait d'être invisible, et pourtant, meurtrier. Après cinq jours de marche forcée, ils atteignirent finalement le camp de travail, et la cité qui y est accolée.

Les mercenaires de l'Empire ne virent pas la mort avant qu'elle ne s'abatte, sous forme d'obus, de balles et de coups; pressurisés entre les guerrières assoiffées de sang et les soldats fanatisés de Zero, débarqués après la prise du port, ils ne purent que se replier dans la cité. Un millier d'hommes, avinés et rendus tout puissant par leur emprise sur des prisonniers trop faibles pour se révolter, balayés par une bagatelle de vingt mille guerriers.

Il ne reste désormais que quelques poches sporadiques de résistance. Elles sont écrasées par Kana et ses fusiliers, alors que Zero, rappelée par ses souvenirs, erre dans le camp de travail.

C'est ici qu'elle est née, dans un camp de travail de l'Empire.

Son regard se porte partout, sur les baraquements grisâtres aux vitres repoussantes de saletés, devenues noires à cause de la poussière de charbon; sur les prisonniers regroupés ici et là, se serrant les uns contre les autres par réflexe, pour se protéger; sur leurs tenues de travail sales et rapiécées; sur leurs corps minces et osseux. Son regard croise parfois celui de femmes, d'hommes, d'enfants qui, s'ils n'étaient pas trahi par leurs souffles lents, pourraient êtres morts.

C'est ici qu'elle est née, qu'elle a grandie, de ses huit à ses douze ans, totalement ignorante de son passée dans les montagnes. Elle n'avait plus aucun souvenir, mais la certitude qu'un grand drame s'était déroulée avant son arrivée au camp. La colère et le désespoir lui faisaient toujours perdre la tête. Preuve en était avec la mort d'Hussein, qui l'avait enragée, et la mort d'Aria.

Ses réflexions la mènent jusqu'à un bâtiment bien particulier. Elle se fige un moment, puis ouvre la porte. Devant elle s'étale une vaste fonderie qui, depuis le début des attaques, demeure éteinte. L'odeur pestilentielle qui la saisit la fait reculer d'un pas. Devant elle, s'étale un océan de flammes, le bruit des coups et des cris résonnent dans son esprit. D'invisibles brûlures dévorent ses bras d'aciers.

" Enfoirés. "

C'est dans une fonderie semblable qu'elle a grandie. Elle était petite, mais ses geôliers s'en foutaient. Un jour, alors que la faim et la soif la tenaillaient, elle avait commis une erreur. Les flammes s'étaient jetées sur elle, léchant ses bras, brûlant ses cheveux. Elle avait cru mourir.

" Commandeuse ? Est-ce que tout va bien ? "

Zero secoue légèrement la tête, comme pour se réveiller d'un mauvais rêve.

" Il faudra remettre ces fonderies en état de marche. Pour l'instant, nourrissez ces pauvres gens. "

Elle referme la porte avec brusquerie. Son regard va aux soldats qui distribuent des rations de nourriture aux prisonniers. Elle les regarde sans les voir, annonce d'une voix machinale leur libération. Elle n'a déjà plus envie d'être ici.

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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeLun 4 Oct 2021 - 19:29



Les derniers mercenaires de l'Empire se sont retranchés dans une caserne solidement gardé. Zero se tient debout, face à ce bâtiment, entourée de ses guerrières. Les bras dans le dos, elle distribue ses ordres en observant ses soldats se disperser tout autour du baraquement.

" Une fois ce petit contretemps réglé, nous devrons organiser immédiatement le rapatriement des prisonniers, et en parallèle, organiser les travaux de construction. Priorité au Haut-Temple et à la Cité. Cette dernière, je la veux imprenable. "

" Nos érudits sont déjà en train de travailler, Commandeuse. "

" Je veux que le meilleur me rejoigne. Je lui dispenserai mes volontés pour le Haut-Temple. Quand à la flotte, qu'elle verrouille l'île. Une contre-attaque de l'Empire me semble impossible, nous sommes trop loin. Mais l'Empire n'est pas le seul ennemi à craindre. "

Sur un geste de l'officier, les soldats jettent de grandes bouteilles d'alcools et d'huiles à travers les fenêtres. Déjà, le feu enfle et flambe. Les chevrons en bois, les bancs, les lits, aident le feu à prendre.

" Désirez-vous autre chose, Commandeuse ? "

" Je veux une chambre dans une maison un peu isolée. J'ai besoin de repos. Ce sera tout, vous pouvez vaquer à vos tâches. "

Les guerrières laissent Zero seule. Cette dernière détache ses cheveux et se frotte lentement le crâne et le visage. Devant elle, le feu enfle en même temps que les cris de souffrance et de détresse. Un sourire satisfait se dessine sur son visage.

Sa silhouette noire se détache nettement devant les flammes. Elle regarde ses ennemis périr dans le bûcher allumé par ses Âmes Noires.

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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeDim 17 Oct 2021 - 0:03



Cela débute par une rumeur intrigante, de quelques coups si subrepticement portés qu'on doute finalement de la véracité de leurs existences. Quelques bruits secs, furtifs, mais incisifs, qui déchirent l'atmosphère avant de s'évanouir dans la stupéfaction humaine. Ils se poursuivent, dans la sidération, puis enflent, grandissent, explosent en des centaines de coups avant que le premier hurlement n'explose.

Elle ne se trouvait pas si loin; en réalité, elle était suffisamment proche pour bondir avant le coup fatidique. Seulement, sa garde s'était relâchée, sa confiance en elle était trop grande pour qu'elle puisse soupçonner quoi que ce soit. Elle était encore pétrie d'une nuit d'amour, elle était encore plongée au plus profond de son âme. On l'avait aimé. Pire encore, Aria l'avait aimé.

La grêle s'arrête au moment où la sidération la quitte, son esprit redémarre bien après que son corps se soit exécuté. Elle sent la chaleur d'un corps sous le sien; un corps chaud, qui sent bon, un corps qu'elle aime étreindre; un corps chaud qui se couvre de poix sanglante, un corps qui glisse sous ses mains. Elle l'attrape fermement, refusant qu'elle puisse seulement lui échapper, l'attire vers elle. Elle ne saurait parler. Tout son être est tendu, en proie à la plus déchirante des paniques. Sa main couverte de sang éloigne maladroitement quelques mèches de cheveux, laisse quelques traces pourpres sur le visage presque albe, signe impitoyable de la vie désertant le corps. Son dernier regard se perd intensément dans celui de son amie, ses lèvres pâles esquissent dans un titanesque effort, quelques mots d'espoir, quelques d'amour qui se perdent dans un dernier soupir.

Je t'aime.

Le temps d'un baiser, le silence revient tel le ciel après la foudre, précédant l'impitoyable tonnerre : celui des cris, celui des pleurs. Mais aucun ne hurle plus fort que la douleur qui éclate en échos dans le coeur et l'âme de Zero.

Aria est dans mes bras. Et elle est morte.


Zero ouvre les yeux et demeure immobile un instant avant de s'assoir au bord de son lit. Son regard est froidement dirigé vers l'obscur, ses poings d'obsides sont fermement clos sur ses genoux. Elle entend, au loin, le concert des marteaux, la cacophonie des voix des contremaîtres. Ce ne sont pourtant pas eux, les responsables de son éveil. C'est le froid et le silence de sa chambre. La peur de ne plus ressentir aucune émotion et de ne plus sentir son coeur battre dans sa poitrine.

Elle sent, cependant, l'étreinte de la mort, comme si cette dernière, éveillée à son tour, venait l'enjoindre à s'allonger de nouveau auprès d'elle; à la rejoindre, elle épouserait probablement son corps de ses bras pour ne plus jamais la lâcher. La tentation était infiniment grande pour Zero, persuadée qu'Aria l'attendait dans le royaume des infinies étreintes et des amours éternels.

Mais sa tâche n'était pas achevée, et l'Univers sait à quelle point cette dernière est titanesque.

Sous ses ordres, Maiara, l'amirale de sa flotte, a organisée le retour presque immédiat des prisonniers sur les terres au sud de Varma, dont ils sont originaires. Les autorités locales, médusées par la taille de la flotte, n'opposèrent aucune résistance, ce qui fût heureux. Un nouveau conflit avec Varma fragiliserait leur précaire installation.

Kana, heureuse de pouvoir faire l'étalage de ses unités d'éclairage, offrit d'organiser un ambitieux projet de pillage des colonies les plus proches des Terres de Feu. La plupart appartenant déjà à l'Empire, Kana obtint facilement la bénédiction de Zero et rapporta principalement denrées alimentaires et matériaux de construction, devenus désormais une nécessité absolue.

Altan, Naran et Bolorma, trois soeurs, organisèrent respectivement l'agriculture, l'exploitation minière et la défense de l'île. Il existait auparavant quelques maigres infrastructures, qu'elles devaient adapter et pérenniser à la nouvelle population.

Enfin, Börté, la dernière des six officières les plus proches de la Commandeuse, entourée d'une armée d'architectes et d'érudits, veille à la bonne marche des colossaux travaux de la Cité et du Haut-Temple. Zero avait était claire sur ses intentions : bâtir une cité éternelle, à l'abri du temps, qui devrait survivre aux femmes et aux hommes qui y demeureraient. Ainsi, la Cité elle-même, bâtie en spirale, était destinée à piéger les assaillants et à défendre le Haut-Temple. Le bois en était presque totalement banni, les architectes lui préférant la pierre et le métal. Le Haut-Temple, lui, se dressera au sommet du volcan, sera de marbre et de pierres précieuses.

La Cité du Ciel, comme l'appelait Zero dans ses songes, deviendrait le nouveau siège d'un tout nouveau culte de l'Univers, réformé et consolidé, et d'une toute nouvelle société matriarcale. Elle comptait en prendre la direction, en tant que Commandeuse, le temps de gagner la Cité des Vents et de la débarrasser de toute corruption, et surtout, de vaincre l'Empire, dont les intentions belliqueuses menacent depuis toujours les siens.

Pour cela, elle comptait établir et fortifier politiquement sa nouvelle nation : une alliance avec Tchernozion et une trêve avec Varma lui serait extrêmement profitable. Il serait difficile de s'allier dès maintenant avec les Landes, l'Empire exerçant une trop forte pression sur ces derniers.

Elle ne peut s'empêcher de penser que l'Unique est le principal responsable de la mort d'Aria. Et cela, elle comptait lui faire payer cher, très cher.




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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeDim 31 Oct 2021 - 12:37



" Les travaux se déroulent comme vous le désiriez, Commandeuse. Nos meilleurs ouvriers œuvrent à la construction du temple. Ses fondations sont solides, ancrées au sein même de la roche. Je dois cependant vous rapporter une légère inquiétude de nos hommes en ce qui concerne l'activité volcanique. "

" Que vos hommes ne s'inquiètent pas. Galynül est en sommeil, et il ne s'éveillera qu'après bien des morts. "

Zero scrute les travaux du Haut-Temple d'un œil vif. Elle est intransigeante en ce qui concerne la perfection du monument qu'elle compte offrir à l'Univers contre sa bénédiction. L'érudit à ses côtés lui détaille chaque étape en progressant vers les bassins de source chaude.

" Cependant, ce n'est pas pour vous présenter nos travaux que nous vous avons demandé audience, Commandeuse. Certains de mes ouvriers ont mis au jour une faille qui aurait été creusée par l'homme. Selon mes estimations, cela est beaucoup trop ancien pour être de la main des impériaux. Comme vous le désiriez, nous avons isolés les hommes responsables de cette découverte et nous avons laissés le site entre les mains de la générale Börté. "

" Parfait. Je vous laisse vaquer à vos occupations. Demeurez silencieux au sujet de cette affaire, érudit. "

Zero salue l'homme et le quitte pour rejoindre les soldats gardant l'entrée de la faille. Börté est déjà à l'intérieur, attendant silencieusement l'arrivée de la Commandeuse.

" Zero. Tu as fais vite. Et tu avais raison. Notre culte s'est approprié le volcan, autrefois. "

" Je sais. Je l'ai vu. "

Zero observe l'endroit. Les faibles lueurs du jour semblent englouties par les ténèbres étouffantes qui se poursuivent sous la roche.

" Qu'est-ce que tu as vu ? "

Elle ne répond pas tout de suite. Quelque chose semble chuchoter dans l'obscur. Une voix douce, suave, tentatrice. Zero serre le poing et tente de repousser mentalement les images qui remontent dans son esprit.

" Je peux te le dire, Börté, je peux même te le montrer. "

La voix de Zero est glaciale, presque déshumanisée. Son regard noir est terrifiant quand il se plonge de celui de sa générale.

" Mais si je te montre ce qu'il y a ici, tu devras mourir. Tu devras tuer les hommes qui ont découverts cette faille, et tuer l'érudit qui connaît l'existence de cet endroit. Tu devras faire exécuter tes soldats. Et ensuite, tu te tueras, ou je le ferai. Je promet de t'épargner si tu ne cherche pas à en savoir plus, alors même que le simple fait que tu sois au courant est un danger. "

" Un danger ? Pour la Cité ? "

" Pour l'Univers. "

Börté écarquille les yeux. Sa bouche s'entrouvre légèrement, en proie à la stupéfaction.

" Quel est ton choix ? Le savoir ou la vie ? "

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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeDim 31 Oct 2021 - 15:52



Qu'est-ce qu'on ne saurait faire pour connaître les secrets de l'Univers ?


Cette question, Börté aurait dû se la poser avant de s'engouffrer dans l'obscur avec la Commandeuse. Cette dernière avance à pas lents, sa main d'obside posée sur les murs. Elle avance sans peine, guidée par le souvenir d'une vision traumatique qui est restée gravée dans son esprit. Une lourde odeur de souffre et de métal transpire des parois rocailleuses. L'unique fleur de lumière est précautionneusement gardé dans le creux de la main de Zero. Elle peine à éclairer une voie aux deux guerrières.

" Où sommes-nous ? Pourquoi nos ancêtres ont-ils creusés si profondément la roche ? "

Zero ne répond pas, et les questions de Börté sont avalés par l'obscur. Le bruit ne semble pas pouvoir survivre ici. On ne distingue plus rien du boucan extérieur. L'inquiétude, la peur saisit Börté.

La mort semble exhaler le souffle puant qui lui caresse le visage.

Zero lui saisit soudain le bras et la tire plus avant. Ils sont arrivés dans une plus grande cavité.

" Ceci est un tombeau, Börté. Il se situe en dessous du futur temple dédié à l'Univers. "

Börté penche son visage plus avant. Une tombe de roche se tient effectivement au milieu de l'endroit, couverte de symboles anciens et lourdement clos d'un métal sombre. Zero pose la fleur au milieu de l'édifice. La lueur s'étend peu à peu, et Börté distingue d'autres choses. Un crâne, lisse, est posé au niveau de la tête de la sépulture. Elle s'imagine qu'il le dévisage d'un air moqueur. D'autres os, un corps entier, repose contre un mur.

" Un gardien, veillant sur son sommeil. Il a attendu, en vain, des siècles durant, qu'on vienne relever sa garde. "

" Comment... Comment peux-tu savoir autant de choses ? "

Zero se retourne vers elle, un amusement amer sur le visage.

" Tu le sais, au fond de toi. Toi, et les autres, vous me dévisagez depuis l'incident. Vous m'imaginez des pouvoirs divins et vous craignez le moindre de mes mouvements. Vous me voyez sévère, cruelle, comme le serait l'un de nos Dieux. Vous me fantasmez tellement que vous oubliez, un instant, que tout cela est vrai. "

Zero pose sa main d'acier sur la tombe. Ses yeux se ferment.

" C'est l'Univers qui me parle, et le Néant qui tente, irrémédiablement, de me corrompre. Il me murmure des choses à l'oreille. L'Univers souhaite que je veille à ce que la personne qui dort dans ce tombeau ne soit jamais libéré de ses chaînes, et elle, pendant ce temps, m'invite à la laisser sortir. "

Börté se tait. Zero chuchote des choses inaudibles pour elle.

" Une partie de moi souhaiterait que renaisse la Libératrice. "

Zero laisse ses yeux se fermer, le visage crispé par la douleur. Une vision s'impose à elle.

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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeMar 14 Déc 2021 - 23:16


Le ciel blanc, abîme sans substance,
circonvoluent les branches maigres et nues,
des arbres, des cheveux dans une eau de brume,
sans vagues.


_________________
Tu t'essayas, comme eût, fait un homme, dans l'art de la médecine. L'aversion qui t'éloigna toujours des penchants de ton sexe, t'inspira l'amour et le vœu de la virginité, que tu conservas jusqu'à l'âge de soixante-trois ans ; et le terme de ta vie fui, celui de ta chasteté.
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeMar 4 Jan 2022 - 19:33



Le commun dit avec simplicité qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Beckmann, lui, se dit à l'instant présent qu'il serait bien en peine de distinguer le feu et la fumée au milieu de ce ciel orageux, dont les nuages semblent naître des immondes panaches qui s'extraient des navires éventrés, qui vomissent encore des flots de fiouls et de corps humains.

Aucun survivant, c'est ce qui était annoncé par les éclaireurs. Les derniers matelots de l'Empire sont morts noyés, fusillés ou brûlent encore. L'odeur atroce de la chair brûlée flotte encore dans l'air, se mélangeant aux effluves d'essences.

Ils se rapprochaient du territoire désormais revendiqué par Zero.

" Hissez le drapeau blanc. Aucune envie de tomber sur la flotte d'une de ses fanatiques. On peut probablement encore discuter avec Zero, mais aucunement avec ses chiennes de garde. "

Beckmann frotte son visage d'une main lasse et fatiguée. Il ne supportait pas de servir de pigeon voyageur pour L'Unique, mais ce dernier n'avait pas tort. Il serait peut-être le seul à ne pas se faire égorger pour la gloire de l'Univers.
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeMar 4 Jan 2022 - 23:22

Lorsque Cirdan reprend ses esprits les abondantes lueurs d'or de l'aube se sont volatilisées. Le jour est passé le temps d'un souffle et c'est l'obscurité totale qui étouffe maintenant la serre. Il est au sol, dans la terre humide. Ses vêtements sont trempés d'une humidité tiède et capiteuse. Sa tête lui tourne et ses pensées sont confuses. Il ne se rappelle pas être tombé ou s'être allongé. Il était encore baigné de lumière et d'exaltation avant... avant le trou noir.

Cirdan porte une main hésitante à son visage mais de ses doigts gourds glisse un objet lourd qui lui blesse le front. Une vive douleur suit le choc. La peau est ouverte, le sang coule le long de son arcade sourcilière. Les gouttes qui tombent sur ses paupières lui causent une souffrance lancinante. Il veut les essuyer mais ses doigts s'enfoncent dans son crâne avec un bruit de chair flasque et mouillée. Ses paupières tailladées pendent en loques, retournées par le brusque mouvement de recul de Cirdan. Il pousse sur ses jambes, glisse dans la terre trempée de sang et cherche frénétiquement ses yeux.

"Mes yeux ! Mes yeux ! "




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Tu t'essayas, comme eût, fait un homme, dans l'art de la médecine. L'aversion qui t'éloigna toujours des penchants de ton sexe, t'inspira l'amour et le vœu de la virginité, que tu conservas jusqu'à l'âge de soixante-trois ans ; et le terme de ta vie fui, celui de ta chasteté.
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeMer 5 Jan 2022 - 19:11



" Putain de fanatiques. "

Beckmann est debout sur la proue d'une vedette qui se dirige vers la côte. Il n'y a que quelques hommes avec lui, face à la muraille impénétrable et inexpressifs de soldats qui attendent sur le rivage. Des gueules noires aux mâchoires serrées, fermées, dont la seule étincelle de vie éclate dans leurs regards, des yeux brillants d'une frénésie et d'une exaltation sauvage.

Beckmann use de tout son sang-froid pour ne pas poser la main sur son arme de service, au moment où ils atteignent la plage.

Il est soudainement rasséréné en reconnaissant brièvement l'une des guerrières qui se battait aux côtés de Zero sur le territoire de Varma.

" Kana. Je suis content de te voir. "

La guerrière, grande et élancée, traverse la plage à grandes enjambées. Sa silhouette fuselée cache sa condition d'éclaireuse, elle porte sur son dos le carquois et l'arc de guerre des maîtres-éclaireurs de la Cité des Vents. Elle tend le bras à son vis-à-vis, le salue brièvement d'un geste de la tête.

" Salutation, Vieil Ours. Tu as mal choisi ton moment pour rendre visite à la Commandeuse. La Cité des Nuages est sur le pied de guerre. "

" Contre des colonies impériales. Nous étions alliés par le passé, les miens souhaitent savoir quels sont les sentiments de la Commandeuse à l'égard des Landes. "

Kana acquiesce silencieusement. Elle l'invite à le suivre.

" Les sentiments de la Commandeuses sont aussi lisibles que les écrits de nos ancêtres. Et cependant, c'est sa foi, sa volonté, sa colère qui nous ont offerts un foyer. Et elle fera ce qu'il faut pour que l'influence de la Cité des Nuages rayonne sur le monde entier. Soit bien conscient de cela avant toute chose. "

C'est au tour de Beckmann de rester muet, et le silence demeurera tout au long du chemin vers la Cité des Nuages.
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeJeu 6 Jan 2022 - 10:35

Kara écoute le silence, attendant devant la porte vitrée de la serre. Elle s’est éveillée au milieu de la nuit après un rêve confus. La fièvre bat furieusement à son front tant il fait chaud et humide dans le corridor de verre. Encore secouée par son réveil brutal, Kara s’empêche de tourner les talons. Il faut qu’elle entre, comme dans son rêve. Les armures se balançaient lentement, enfoncées dans la terre et la végétation bruissait, composait un souffle qui murmurait son nom.
La porte s’ouvre en raclant le sol. Une bouffée moite surchargée d’émanations douces et acides fait monter des larmes dans les yeux de Kara. Elle sent s’épanouir dans le fond de sa gorge l’odeur métallique du sang.

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Tu t'essayas, comme eût, fait un homme, dans l'art de la médecine. L'aversion qui t'éloigna toujours des penchants de ton sexe, t'inspira l'amour et le vœu de la virginité, que tu conservas jusqu'à l'âge de soixante-trois ans ; et le terme de ta vie fui, celui de ta chasteté.
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeJeu 6 Jan 2022 - 20:01



Plus Beckmann se rapproche de la montagne, plus la végétation est dense et difficile à franchir. Des arbres immenses, des branches enchevêtrés, des collines boisées et des rivières entrelacées accompagnent le moindre de ses pas. Il commence à se demander si la sauvagerie de ce territoire n'est pas délibérément maintenu et encouragé par Zero, telle une barrière naturelle visant autant à décourager les assaillants qu'à dissimuler des guerriers dans ses zones d'ombres.

Sa fatigue va de paire avec la sueur qui coule le long de son front. Il règne ici une chaleur moite qui se manifeste sans crier gare, et qui se colle à la peau, avec les chemises et les foulards.

" Nous ne sommes plus très loin, Vieil Ours. Encore un peu de courage. "

" Ce n'est pas une balade en forêt qui saurait m'arrêter. "

" Tu as tort de sous-estimer la forêt. Un de nos hommes est parti en reconnaissance. Il est revenu, fou, gravement brûlé et délirant. Certains monstres savent se tapir dans le noir. "

Beckmann s'essuie le front, plus agacé par la chaleur que par la condescendance de Kana. Il songe un instant à lui demander si l'un de ces monstres ne saurait pas lui verser un seau de glace dans le dos, mais est coupé dans son élan par la fin brutale de la forêt.

La montagne s'élève devant lui, immense et grande comme celle accueillant la Cité des Vents. Un avant-poste se situe en bas du chemin menant vers les hauteurs, un bastion en construction se trouvant derrière lui. Des hommes en haillon sont mis au travail, probablement les esclaves pris à l'ouest. Ils ne sont pas enchaînés, la forêt et l'océan sont des chaînes suffisamment épaisses pour les dissuader de s'extraire à leurs conditions. Ils sont surveillés par de simples soldats, qui le dévisagent avec hostilité, fusils entre les mains.

" Je vois que vous vous développez rapidement. "

" L'or et les hommes de l'ouest, les ressources des colonies de l'Empire. Nous avons pillés tant de vos terres que nous pouvons construire plusieurs cités. "

" Est-ce dans vos projets ? Vous étendre ? "

Kana reste muette. Une mauvaise question, songe Beckmann. Kana ne souhaite pas lui répondre, ou alors elle ne le peut pas. La réputation de Zero s'est vie répandue au nord-est, traversant les colonies et les déserts. Au soulagement de la savoir vivante s'est succédé l'appréhension et l'inquiétude. Les raids des Âmes Noires se sont étendues sur nombre de colonies, sur suffisamment en vérité pour approcher les routes commerciales entre les Landes et ces dernières. Aucun navire Landais n'a été coulé pour l'instant, mais les navires de guerre, menaçant, les accompagnent souvent sur quelques miles, comme pour s'assurer qu'ils fassent machine arrière. Les rares navires de guerre impériaux qui croisent dans le coin sont coulés, et les flottes ordonnées par Maiara, l'amirale promue par Zero, disparaissent habilement face à des ennemis trop nombreux.

L'Unique ne craint pas Zero, mais les conséquences désastreuses de ces raids pour sa politique intérieure. Bien qu’extrêmement éloignées, ces colonies demeurent stratégiquement importante en ces périodes de trouble au nord de l'Empire, et les grandes familles, liguées contre l'Unique, gronde.

Beckmann se retrouve ainsi au milieu d'un plateau d'échec, pièce soigneusement manipulée par l'Unique. Il n'aurait cependant refusé pour rien au monde. De son succès dépend l'avenir de sa filleule, toujours retenue par l'Empire.
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeSam 8 Jan 2022 - 16:49


Sans lumière dans le noir, Kara distingue tout de même une forme sombre et affalée à plat ventre dans une mare de boue. C'est Cirdan. L'odeur du sang est prégnante autour de lui. Kara s'agenouille et cherche un pouls contre sa gorge. La peau est tiède, palpitante, poisseuse. Quelque chose d'aigre flotte dans l'air humide, acide. Peut-être des vomissures réfléchit Kara en touchant le bord de ses lèvres. Il y a en effet une substance visqueuse et grumeleuse en plus de la boue. Elle en hume rapidement l'odeur et repousse ses doigts. Belladone, virulent poison.


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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeDim 9 Jan 2022 - 11:05



Peu habitué à monter à cheval, Beckmann, courbaturé, est soulagé d'atteindre les hautes murailles blanches. Il est, par ailleurs, ébloui par le soleil fracassant qui vient se refléter sur les murailles de pierres, soigneusement taillées et veinées d'acier. L'ouvrage est immense et semble imprenable, les remparts sont hérissées de soldats en tenues sombres, frappées du blason de la Cité : l'oie et le phénix.

Ce blason se retrouve gravé, imposant, sur les lourdes portes noires qui verrouillent hermétiquement l'accès à la Cité. Seule l'eau des sources chaudes circule librement à travers des grilles forgées au niveau d'une rivière qui serpente vers les plaines. On peut l'entendre s'écraser sur les roches et tomber en cascades de la montagne.

D'un souffle de cor, Kana fait ouvrir les portes de la Cité des Nuages, et Beckmann découvre pour la première fois ce qui se cache derrière ces murs.

Construite en terrasses et ne possédant qu'une seule voie praticable pour l'ascension, personne ne pourrait douter que l'endroit vit ses premiers jours. L’entièreté des ressources et des efforts des ouvriers se sont concentrés sur les défenses militaires, et plus sporadiquement sur l'aménagement des baraquements et des garnisons. La cité basse est un agglomérat de misérables habitations, noircies par les suies et les cendres, et il y règne la pauvreté; la dure vie des esclaves qui y vivent sans droits. Beckmann ne peut s'empêcher de froncer le nez, assailli par l'odeur.

" Une Cité éternelle ne se bâtie pas en un an, avance Kana, pragmatique. Il faudra piller encore de nombreux pays pour ancrer notre amour pour l'Univers à travers le temps. "

" Je veux bien le croire. "

" La Commandeuse t'attend dans les bureaux des futurs ambassadeurs. Elle n'est pas fermée à la diplomatie. "

" C'est une heureuse nouvelle. Nous non plus. "
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MessageSujet: Re: Chapitre 2 : La Ferveur   Chapitre 2 : La Ferveur Icon_minitimeLun 10 Jan 2022 - 22:40


Kara sursaute. Elle vient d'apercevoir du coin de l'oeil une masse compacte penchée dans sa direction. Il lui semble voir une ombre, fixe et courbée derrière un écran de feuilles aussi longues et élancées que des lames de sabre. La chose est à peine perceptible tant la lumière est absente. Kara reconnaît l'une des armures et cherche les autres du regard. Sont-elles éparpillées au sol, dans les hautes herbes et dans les arbustes ?
Elle se relève et abandonne Cirdan dans la boue.

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