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Souvenez-vous, si nous violons vos femmes et tuons-vos enfants, c'est pour le plus grand bien. (Arvran Scheepers)
 
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 Chapitre 3 : Héritages

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Zarkhaev

Zarkhaev


Messages : 170
Date d'inscription : 21/03/2020

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MessageSujet: Chapitre 3 : Héritages   Chapitre 3 : Héritages Icon_minitimeVen 9 Sep 2022 - 9:48



La pluie, tenace et dru, fait chanter les flammes. Elle laboure le champ mieux qu'elle ne l'avait fait la veille, mieux qu'elle ne l'aurait fait le lendemain. Elle change le petit sentier en une longue flaque boueuse parsemée d'îlots, abonde sur les marches du cellier, semble encercler la longère.

Zaman observe distraitement la pluie, dans un silence religieux, devant le brasero. Sa chemise est déjà détrempée, ses cheveux collent à sa nuque, un torrent d'eau dévale le long de sa colonne vertébrale.

Dans son esprit, le silence est aussi assourdissant que le bruit de la pluie.

Ce n'est que le premier grondement de l'orage qui la tire hors de sa transe, bien avant le flash éclatant d'un éclair qui vient déchirer le ciel. La lance pure d'un des guerriers de l'Univers reste un instant accrochée sur la toile de la nuit, avant de s'éteindre à nouveau pour l'éternité.

Zaman lève son bras d'Obside, le droit, et le regard intensément, comme si elle le voyait pour la première fois. Ses doigts se contractent, son poing se referme. Une douleur mordante la saisit au niveau du coude, sa mâchoire se serre, ses yeux se teintent de rouge. D'un geste brutale, elle se lève et renverse le brasero. Les braises ardentes se noient dans le flot de la petite rivière qui s'est formée à ses pieds, dans un hurlement d'agonie.

Kherevan Zarkhaev, tel est le nom de l'homme qui l'attend au nord.


" Tu es trempée... Tiens, je vais te chercher des vêtements secs. "

" Tu n'es pas obligée. C'est à moi de m'occuper de toi. "

Sa phrase s'évanouit dans le sillage de Tess, déjà en train de s'éloigner en courant vers l'étage. Zaman laisse échapper un soupir découragé et essuie ses cheveux à l'aide de la serviette que la gamine lui a rapportée. Cela fait déjà plusieurs semaines que leur conversation avait changé le regard de Tess à son égard, lui prêtant des traits humains que Zaman n'était plus réellement sûre de posséder. En conséquence de cela, la pré-adolescente ne la craignait plus tout à fait, et prenait un malin plaisir à pratiquer une écoute plus sélective de ses consignes.

Et l'émergence de nouveaux souvenirs n'arrangeaient rien à son malaise.

Tess ne revint que quelques instants plus tard, alors que Zaman était en train de frictionner vigoureusement ses jambes, avec un pantalon et une chemise propre, ainsi qu'une grosse couverture.

" Tu ne devrais pas méditer sous la pluie, tu vas attraper la mort. "

" Tu ne devrais pas saisir la première occasion pour ne pas réaliser tes exercices, réprimande Zaman d'une voix ferme. La voie du guerrier ne néglige pas l'instruction. "

" Sauf que je ne me bat pas. "

" Non, concède Zaman, tu ne te bat pas. Et j'espère bien que tu ne te battra jamais. "

Zaman laisse tomber la serviette au sol et commence à enfiler son pantalon, tournant le dos à Tess. Elle peut cependant sentir son regard sur son dos et sur ses épaules.

" C'est la guerre, tout ça ? "

La voix de Tess est timide, un peu étranglée, loin de son impertinence habituelle.

" Non, c'est l'esclavage, et l'homme qui m'a fait ça n'a jamais combattu une seule fois de son existence. Au contraire, il passait ses journées à boire et à terroriser de pauvres enfants, qu'il forçait à travailler pour lui. J'ai forgé des lames pour lui toute mon enfance, et lorsqu'il était insatisfait, il jetait une pelletée de braise dans mon lit. "

Zaman se retourne vers Tess, s'agenouille à sa hauteur, prenant sa chemise de ses bras et la jetant négligemment sur ses épaules. Son regard est braqué dans celui de sa pupille.

" Je ne te dis pas ça pour que tu aies pitié de moi, mais pour que tu te rappelles de cette leçon, la première que j'ai retenue : les hommes sont des porcs. Tu ne dois pas les écouter, et encore moins les croire. Le seul homme bon que j'ai jamais rencontré est ton père. "

" Beckmann n'est pas mauvais, murmure Tess dans un souffle. "

" Il est ton parrain, il te protège. "

Zaman se lève, enfile finalement sa chemise et la boutonne machinalement. Elle passe une main dans ses cheveux pour les rejeter en arrière, et pose une main apaisante sur l'épaule de Tess, lui adressant un sourire contrarié.

" Ce sont de vieilles histoires. Retiens la leçon, et oublie le reste. Va finir tes exercices, et pendant ce temps, je préparerai le dîner. Tu ne mangeras que lorsque tu connaîtras sur le bout des doigts la géographie de ce pays. "

" Les noms de leurs cités sont imprononçables. "

" Raison de plus de t'y remettre maintenant, jeune fille. "

Tess se détourne, une moue contrariée sur les lèvres, et s'engouffre dans la cuisine d'un pas cadencé exagérément appuyé. Zaman s'emmitoufle dans l'épaisse couverture qui trône habituellement sur la banquette, et se tourne vers l'extérieur. Le temps ne semble pas se calmer, l'orage semble, au contraire, se rapprocher. L'Obside de ses bras semble se tendre un peu plus, chaque coup de tonnerre est une semonce.

On ne veut pas d'elle ici, sur la terre de ses ancêtres.

_________________
Puis-je rester inébranlable
Au milieu d'un monde qui s'écroule ?

Ais-je entendu le tonnerre ?
Est-ce que je t'ai vu détruit ?
Je ne me souviens plus très bien
Juste ce qui m'a guide de cette façon.

Puis-je rester inébranlable
Au milieu d'un monde qui s'écroule ?

Les pins murmurent souvent
Ils chuchotent ce qu'aucune langue ne peut dire
Celui qui boit de l'eau profonde
Qu'il connaisse les profondeurs du puits.


Oh, Voyageur, qu'as-tu vu ? Y avait-il des carrefours, où étais-tu ? J'étais fière, je suis maintenant dos au mur. La lumière du matin vient à moi, dois-je errer comme un fils égaré ? Le chasseur sera-t-il traqué par le fusil ou le pistolet ?

Puis-je rester inébranlable au milieu de mon monde qui s'écroule ?
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